Mathias Dzon conteste les résultats provisoires du scrutin et va faire recours
L’opposant Mathias Dzon, 3e à la présidentielle conteste les résultats provisoires de ce scrutin proclamé par le ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation Raymond Zéphirin Mboulou ce début de semaine. Le leader de l’Union patriotique pour le renouveau national (UPRN) entend saisir dans les prochaines heures la Cour constitutionnelle conformément à l’article 72 de la Constitution du 25 octobre 2015.
Moins de 48h après la fermeture des bureaux de vote, le ministre en charge des élections, Raymond Zéphirin Mboulou a rendu public les résultats provisoires du scrutin du 17 et 21 mars par circonscription électorale.
Selon les chiffres rendus publics, le président sortant Denis Sassou Nguesso est réélu dès le premier tour avec 88,57% des suffrages exprimés. Il est talonné par Guy Brice Parfait Kolelas, candidat décédé et Mathias Dzon respectivement 2e (7,84%) et 3e (1,90%).
Une promptitude inédite comparée à la publication des résultats de la dernière présidentielle de 2016 qui avaient été donnés plus d’une semaine après le scrutin.
Ce qui n’a pas laissé indifférente l’opposition politique nationale. Mathias Dzon, candidat malheureux au scrutin de la semaine dernière, y voit une forme de manipulation des résultats.
« Ce n’est pas en un jour qu’on peut compiler tous les résultats venus de tout le Congo. Il y a quelque chose qui étonne : dans la plupart des résultats, on suit l’ordre de présentation des candidats sur les bulletins de vote. Donc, c’est quelque chose de préconçu. », a lâché Mathias Dzon.
Il va saisir la Cour Constitutionnelle ce jeudi 25 mars pour que le droit soit dit concernant cette élection.
Mathias Dzon soutenu par Jean Serge Yhombi Opango ?
Jean Serge Yhombi Opango, président par intérim du Rassemblement pour la Démocratie et le Développement (RDD), soutien de Guy Brice Parfait Kolelas semble partager l’avis de Mathias Dzon sur la question.
« J’aimerais bien voir avec quel matériel ils ont pu faire. J’aimerais bien qu’on évolue. On nous dit ici qu’il n’y a pas de biométrie, il n’y a pas assez de technologie, mais le faire aussi vite, je suis assez surpris. Ce n’est pas normal. Toutes les compilations ne sont pas encore arrivées à Brazzaville, c’est sûrement très sale. », a lancé le leader du RDD
Cette question avait été anticipée par la Commission nationale électorale indépendante (Cnei) qui assurait l’opinion ce weekend d’avoir pris toutes les dispositions nécessaires cette fois-ci, en dépit de moyens de bord, pour que les résultats soient publiés « très vite ».
« Nous n’avons pas de machines à voter. Donc nous ne faisons pas de proclamation automatique immédiatement après la fermeture de tous les bureaux de vote. Mais nous nous sommes organisés pour que la proclamation des résultats intervienne très vite. », avait garanti Henri Bouka, président de la Cnei.
Des accusations rejetées par l’équipe de campagne de Denis Sassou Nguesso
Anatole Collinet Makosso, premier directeur national de campagne adjoint du Candidat Denis Sassou Nguesso pointe du doigt le manque d’organisation au sein des challengers du président.
« L’Etat a ses canaux de transmission de l’information et ceux-là ne vont quand même pas être comparés à l’individu qui ne sait même pas par quel moyen il peut faire parvenir les résultats ici. S’ils étaient bien organisés, ils pouvaient les avoir. L’Etat ne doit quand même pas subordonner son fonctionnement à la dextérité, la diligence ou la non diligence des particuliers. Ce n’est pas normal. », a-t-il déclaré.
Autre réalité dénoncée par Mathias Dzon, le fait que le processus électoral ait été poursuivi quand bien même un des candidats en lice, Guy Brice Parfait Kolelas, a été emporté par la mort à l’issue des opérations de vote le 22 mars aux environs de 1h du matin. Un décès survenu après son admission au service de réanimation dans une clinique privée à Brazzaville le 19 mars dernier pour cause de Covid-19.
Il demande à cet effet « l’annulation de l’élection » s’appuyant sur les articles 70 de la loi fondamentale et 53 de la loi électorale qui disposent que le scrutin est reporté à un délai maximal de 90 jours en cas d’incapacité ou de décès d’un candidat la veille du vote.
Une interprétation qu’a du mal à comprendre le pouvoir en place qui préfère laisser la Cour constitutionnelle statuer sur cette affaire, a laissé entendre Anatole Collinet Makosso.
Conformément à l’article 72 de la Constitution du 25 octobre 2015 l’opposition a cinq (5) jours pour introduire son recours à la Cour constitutionnelle suivant la proclamation des résultats provisoires de l’élection du Président de République. La Cour constitutionnelle a pour sa part un délai de quinze (15) jours à compter de sa saisie pour proclamer les résultats définitifs.