Vue du Congo : la dépénalisation de l’homosexualité au Gabon
Le parlement gabonais a récemment validé la réforme du Code pénal qui inclu la suppression de l’alinéa 5 de l’article 402 qui consacre la dépénalisation de l’homosexualité au Gabon. Un sujet pour le moins inattendu dans un contexte de crise sanitaire de la Covid-19, qui a suscité de nombreuses réactions au sein de l’opinion congolaise.
Le 5 juillet 2019, les parlementaires gabonais votaient le nouveau Code pénal dont l’article 402 incluait l’interdiction formellement des « relations sexuelles entre personnes de même sexe ». Un choix qui avait déjà fait réagir à l’international. Moins d’un an plus tard, les deux chambres sont revenues sur leur décision en dépénalisant la pratique suite à un nouveau projet de loi introduit par le gouvernement.
Qu’est ce qui a influencé le rétropédalage du parlement gabonais, qui s’était fermement positionné en faveur de la réprimande de l’homosexualité ?
Selon Harold Leckat directeur de publication de Gabon Média Time, « Le projet de modification du Code pénal gabonais est à l’initiative de l’exécutif gabonais, le parlement n’a fait que le valider. C’est sans doute une volonté des autorités de se conformer aux engagements du pays sur la scène internationale. Des engagements liés notamment aux droits civiques et politiques qui consacrent la liberté des uns et des autres de choisir leurs orientations sexuelles. Le gouvernement a ainsi proposé le retrait de l’alinéa 5 de l’article 402 dudit Code qui réprime des atteintes aux moeurs, les relations entre deux personnes de même sexe. »
Au Gabon, la loi divise jusqu’au plus haut sommet de l’administration. Au Congo où beaucoup d’encre et de salive ont coulé sur le sujet, on est partagé entre peu, voir pas, de prises de position favorables, la neutralité et le rejet catégorique de cette réforme jugée anti-valeurs traditionnelles et religieuses, entre autres, par le plus grand nombre.
Que prévoit la loi congolaise sur la question de l’homosexualité ?
Dans plusieurs pays africains, la question s’invite à l’agenda politique et diplomatique des États. Sous la pression des organisations de défense des droits de l’homme et des Etats occidentaux notamment les pays sont appelés à se prononcer.
Le rapport pays 2014, sur les pratiques des droits de l’homme du département d’État des États-Unis indique qu’au Congo, « il n’existe pas de loi interdisant expressément les comportements homosexuels consensuels » autrement dit l’homosexualité n’est pas formellement criminalisée entre adultes consentant. Le Code pénal prévoit toutefois des peines de prison et des amendes pour les personnes qui commettent un « attentat public à la pudeur », et les personnes qui se rendent responsables d’« un acte éhonté ou un acte contre nature avec une personne du même sexe de moins de 21 ans ».
En somme, en l’état actuel des choses, l’on peut affirmer que le rétropédalage gabonais est un retour à une stratégie du « ni oui ni non » équivalente à la position actuelle du Congo sur le sujet.