Un projet de réinsertion des « bébés noirs » sur la table du gouvernement ?
Le président de la République a condamné lors de son discours sur l’état de la nation le 17 décembre dernier le phénomène des « bébés noirs » dans notre pays. Il a ainsi révélé l’ambition du gouvernement de construire des centres de rééducation et de réinsertion pour ces derniers.
Dans un message largement dédié aux questions économiques et à la jeunesse, le président de la République a quelque peu surpris en annonçant les mesures qu’il entend mettre en oeuvre pour répondre à la problématique de la criminalité juvénile.
Alors que d’aucun attendaient sans doute l’annonce de mesures fermes pour éradiquer le phénomène des « bébés noirs », Denis Sassou Nguesso a plutôt opté pour des solutions modérées et participatives. Il a d’abord appelé à la responsabilité parentale, avant d’annoncer que le gouvernement envisage de construire des structures permettant une réinsertion sociale des jeunes concernés.
Ce projet entend utiliser le potentiel de ces jeunes dans l’enrichissement de la force de travail et « la construction du pays » plutôt qu’il serve de « raccourcis de la violence » a précisé Denis Sassou Nguesso.
« La loi s’appliquera certes, mais ce sont nos enfants »
Bien que condamnant le caractère répréhensible des actes commis par les bébés noirs,le président a rappelé qu’il est avant tout question de « nos enfants » et que de ce fait l’éducation serait une réponse plus appropriée que la justice. « Je place donc les parents devant leur responsabilité » a t-il lancé, rappelant aux parents leur rôle d’éducateur au sein de notre société.
Les cas répétés de violences civiles et policières perpétrées à l’encontre de présumés bébés noirs posent un véritable problème d’éthique, et révèle l’urgence de la situation. Plusieurs cas de violation des procédures d’arrestation et de justice populaire ont fait la une de l’actualité et plusieurs de ces cas impliquent des mineurs. Au delà de dérives graves évidentes, il y a un dimension morale qui tient le gouvernement à apporter une réponse urgente.
S’il est plus qu’évident que le contre pied réalisé par le président a une partie de l’opinion plutôt favorable à des solutions radicales sur la question soit louable, c’est l’occasion de s’interroger sur la mise en oeuvre de ces ambitions.
De quelle manière, où, et quand le gouvernement entend-il concrétiser ce projet annoncé ? Ce sont désormais les questions que se posent les congolais quand on connaît le degré de confiance que nos compatriotes accordent à ces jeunes devenus des marginaux de la société congolaise.