Communiqué

Souveraineté : Message de SEM Denis SASSOU N’GUESSO sur l’État de la Nation devant le parlement réuni en congrès

  • Monsieur le Président du Congrès ;
  • Monsieur le Président du Sénat ;
  • Monsieur le Premier ministre, chef du gouvernement ;
  • Mesdames et messieurs les membres du gouvernement ;
  • Mesdames et messieurs les parlementaires ;
  • Mesdames et messieurs les ambassadeurs et chefs de missions diplomatiques ;
  • Mes chers compatriotes ;

A un rythme régulier et sans jamais faiblir devant le caractère impératif d’un tel devoir constitutionnel, nous rendons compte au Peuple, une fois par an, de l’état de la Nation devant le Parlement réuni en Congrès.

D’ores et déjà, Je voudrais rendre un hommage mérité à nos illustres Pères, pionniers bâtisseurs d’un Etat moderne ainsi qu’à la génération de ceux qui ont porté à leur côté ou assumé, par la suite, le destin de la République et de la Nation.

S’agissant de l’an 2022, la particularité provient de ce que cette adresse est faite aujourd’hui, 28 novembre, Journée de la République instituée au terme de la loi n° 18 – 2010 du 27 novembre 2010.

En effet, à la différence des seules évocations historiques d’antan à la Place qui porte son nom, sur des thèmes correspondant à cette cérémonie, l’hommage à la République, le 28 novembre de chaque année, sera à l’avenir rendu, avec plus de solennité et de densité.

Ainsi, à l’instar de la présente édition, la célébration de la Journée de la République se déroulera désormais sur fond de Message sur l’état de la Nation devant le Parlement réuni en congrès.

C’est l’opportunité, pour nous, de magnifier les symboles de la République, à savoir notre Devise, notre Drapeau et nos Armoiries.

Pour chaque citoyen du pays, la dualité République et Nation congolaise doit être vécue, à l’évidence, comme une réalité concrète, gage de concorde nationale et de cohésion sociale, bref, l’expression intangible et renouvelée de notre souveraineté incarnée par les valeurs symbolisées par notre Drapeau, le Vert – le Jaune – le Rouge et par notre hymne national, la Congolaise.

C’est le moment pour chaque citoyen de se livrer à une introspection profonde lui permettant d’apprécier son arrimage à notre devise : Unité – Travail – Progrès.

Pour tout jeune en particulier, c’est l’occasion de prendre un nouvel élan patriotique plus affirmé au service de la République et de la Nation.

C’est l’opportunité, pour les générations actuelles, de jeter un nouveau regard figé dans le temps et un coup d’œil sur les grands repères d’évolution de la République, pour apprécier le travail accompli en vue de transformer et moderniser notre pays.

Tenez ! Par exemple, à la proclamation de la République du CONGO le 28 novembre 1958, l’Etat n’était en réalité qu’un amas de services administratifs embryonnaires.

Sans structure bancaire ouverte aux populations, les transactions financières s’opéraient essentiellement par le biais des services postaux.

Sur le plan sanitaire, le CONGO ne comptait qu’un seul hôpital général, affecté aux 4 Etats de l’AFRIQUE EQUATORIALE FRANÇAISE.

Moins d’une vingtaine d’écoles primaires, une dizaine de collèges et seulement 4 lycées constituaient l’ossature de l’enseignement général, pour l’ensemble du CONGO. L’enseignement technique ne reposait que sur l’actuel lycée du 1er mai à BRAZZAVILLE, alors Ecole professionnelle fédérale de l’Afrique Equatoriale française, tandis que le cycle supérieur était inexistant.

Toute la partie septentrionale de notre pays ne disposait que de deux établissements de cycle secondaire, le collège CHAMPAGNAT et le petit séminaire Saint Pie 10 de MAKOUA, propriétés de l’Eglise catholique. L’unique établissement public de cycle secondaire était le collège de FORT ROUSSET, OWANDO actuellement.

Les élèves partaient à pied ou en pirogue des localités lointaines de la partie septentrionale du pays pour rejoindre les établissements précités.

Notre pays ne disposait d’aucune route asphaltée en dehors de quelques rares voiries urbaines bitumées, dans les quartiers résidentiels des ressortissants européens à DOLISIE, POINTE-NOIRE et BRAZZAVILLE.

La traversée de grands cours d’eau, du Sud au Nord du pays, était assurée par des bacs usagés, si ce n’est par des pirogues artisanales et quelques autres embarcations de fortune.

Avec un seul aéroport international, celui de Brazzaville qui n’était international que de nom, nul ne pouvait présager le bond prodigieux réalisé par notre pays, en matière d’infrastructures de transport aérien, un demi-siècle après la proclamation de la République.

Le barrage hydroélectrique du DJOUÉ et quelques centrales thermiques réparties entre BRAZZAVILLE, POINTE-NOIRE et DOLISIE fournissaient à peine 15 mégawatts d’électricité. La production d’eau potable en milieu urbain était à peine de 21.000 mètres cubes par jour.

Les immeubles les plus remarquables de BRAZZAVILLE se limitaient à l’ancienne résidence du Gouverneur ou actuel Palais du Peuple, à l’hôpital général, au lycée SAVORGNAN DE BRAZZA et à la Basilique Sainte ANNE dont le clocher était inachevé.

En provenance d’Europe, une lettre pouvait attendre au moins un mois pour parvenir à destination. Aujourd’hui, nous nous sommes adaptés aux progrès accomplis et le courrier est instantané.

Sur le plan sportif, le legs colonial s’est résumé à deux stades de football, les stades EBOUÊ à BRAZZAVILLE et ANSELMI à POINTE-NOIRE.

Le rudiment d’armée transféré par l’administration coloniale est devenu, au fil du temps, une Force publique bien structurée, au service de la défense de la Patrie et de la sauvegarde de la Paix.

Ainsi, se dressait le panorama de notre pays, marqué par le manque particulièrement préoccupant d’équipements et le déficit préjudiciable de ressources humaines qualifiées.

Il ne s’agit là que de quelques exemples tirés au hasard de la corbeille de l’histoire, pour édifier les générations actuelles sur le parcours de notre pays, des temps anciens à ce jour. Ce sous-équipement hérité à l’avènement de la République a été incontestablement vaincu, ce qui suscite fierté légitime aujourd’hui et optimisme pour l’avenir, en dépit des défis multiformes auxquels nous devons faire face dans le cadre de notre marche vers le développement.

  • Monsieur le Président du Congrès ;
  • Mes chers compatriotes ;

Acteurs et témoins privilégiés de l’histoire du CONGO, il nous incombe d’en évoquer les évolutions les plus marquantes, pour édifier et procurer à ceux qui ne les ont pas vécues, en l’occurrence aux jeunes, les outils authentiques pour apprécier objectivement la République au passé et au présent.

Cette volonté de construire le pays est affichée par les engagements que nous avons pris devant le Peuple et qui se traduisent par le Plan national de développement 2022 – 2026, couvrant la période du mandat présidentiel en cours.

Nous nous rendons compte de ce qui, malgré les difficultés, a pu être accompli cette année.

  • Monsieur le Président du Congrès ;
  • Mes chers compatriotes ;

Alors que nous nous étions organisés pour surmonter la crise financière survenue dès 2014, voilà que cet élan salvateur a été lourdement entravé par la pandémie de COVID-19 dont les premiers cas, dans notre pays, sont enregistrés en mars 2020, mettant en cause l’optimisme suscité par les résultats encourageants, déjà perceptibles au niveau des indicateurs macro-économiques.

Grâce à l’appui de quelques pays amis, la résilience du Peuple pour sa survie a permis de réaliser, sans le soutien de la communauté financière internationale, des performances palpables dans la lutte contre la pandémie de COVID-19.

L’apocalypse tant annoncée et l’hécatombe prophétisée par les esprits malveillants ne se sont pas produites, fort heureusement !

Le mal, on peut se permettre de le dire, a pu être conjuré et le pire écarté.

A titre illustratif, depuis la fin du mois de mars 2022, le Congo n’a enregistré qu’un seul décès des suites de COVID-19.

Cette amélioration sensible de la situation épidémiologique se traduit par la quasi-inexistence de nouveaux cas de COVID-19, voilà plus de 8 mois, sur l’ensemble du territoire national.

Une telle évolution témoigne de l’efficacité des mesures préventives et des protocoles thérapeutiques appliqués dans notre pays.

C’est pourquoi, nous avons procédé, le 14 octobre 2022, à la dissolution du comité de coordination et de ses organes de gestion ainsi qu’à la levée des restrictions liées à la lutte contre ce péril sanitaire, pour permettre à nos compatriotes de retrouver une vie normale et de reprendre, en toute liberté, leurs activités habituelles.

A ce sujet, nous avons mis fin à l’état d’urgence sanitaire, au caractère obligatoire du port du masque et à la présentation d’un test PCR négatif pour les passagers à l’entrée et à la sortie du Congo.

Toutefois, la vigilance doit toujours rester de mise. La pandémie de COVID-19 n’a pas été intégralement éradiquée. A travers le monde, subsistent encore des poches de résistance de certains variants.

Nonobstant cet appel à la prudence, nous pouvons nous permettre, à ce stade, de féliciter l’ensemble du Peuple pour son adhésion aux mesures de prévention mises en œuvre contre la pandémie de COVID-19.

C’est l’occasion aussi de congratuler le corps médical pour les sacrifices consentis, les risques encourus et le dévouement manifesté.

Enfin, que certains pays amis trouvent ici l’expression de notre gratitude et de nos remerciements pour leur accompagnement dans l’effort déployé à l’effet de préserver l’état de santé de nos populations.

Par ailleurs, pour permettre aux entreprises durement affectées d’amorcer la reprise effective de leurs activités, nous prolongeons certaines mesures d’équilibre prises naguère.

Il s’agit, notamment :

de la baisse de l’impôt sur les sociétés, de 30 à 28% ;

de la baisse de l’impôt global forfaitaire, de 10 à 5%.

De même, il nous souviendra qu’afîn d’appuyer plus efficacement les entreprises, un fonds de soutien d’un montant de 6 milliards de francs CFA a été mis en place et le règlement de la dette intérieure suit son cours.

Pour sa part, alors que nous faisions face à ce grave défi mondial, l’offre de santé a connu la mise en service de deux hôpitaux généraux, l’un à DJIRI à BRAZZAVILLE et l’autre à NGOYO à POINTE-NOIRE.

Il sied également de relever le retour et la disponibilité d’un effectif important de médecins formés dans les universités étrangères et nationales.

  • Monsieur le Président du Congrès ;
  • Mes chers compatriotes ;

Après avoir surmonté la tragique menace de la pandémie de COVID-19, le répit escompté n’aura été que de courte durée. L’humanité se trouve à nouveau en face d’une grave crise alimentaire, consécutive au conflit russo-ukrainien.

Comme dans le cas du CORONAVIRUS, nous avons dû réagir promptement en adoptant un plan de résilience visant à endiguer l’envolée des prix des denrées alimentaires.

Devant cette situation susceptible de mettre à rude épreuve le pouvoir d’achat des populations, nous avons institué une série de mesures d’accompagnement destinées à contenir les effets nocifs en perspective.

Il s’agit, d’une part, du subventionnement du pain, en lien avec le surenchérissement brutal du blé et, d’autre part, de l’exonération des droits et taxes sur plusieurs denrées alimentaires essentielles.

Hormis ces mesures d’urgence, notre plan de résilience s’emploie :

“ à promouvoir une véritable politique de substitution aux importations ;

  • à faciliter le transport des produits de base des bassins de production aux centres de consommation ;
  • à stabiliser les prix des produits alimentaires et agricoles essentiels ;
  • “ à appuyer les acteurs locaux dans le secteur agricole ;
  • à veiller à l’application stricte des mesures administratives, fiscales et parafiscales.

Au regard des divers chocs qui secouent actuellement l’économie mondiale et génèrent la hausse des prix de la plupart des denrées alimentaires, la relance de la production agricole nationale reste la réponse structurelle la plus adéquate.

Dans cet ordre, il nous faut impérativement lever les obstacles qui gangrènent le secteur agricole, à savoir :

  • la faible mécanisation de l’agriculture ;
  • la dépendance à l’irrigation naturelle ;
  • “ l’image dévalorisante liée à la pénibilité des travaux agricoles ;
  • la faible disponibilité de certains ingrédients nécessaires à la production de l’aliment de bétail.
    Conformément à nos engagements déclinés durant la dernière campagne électorale, pour le scrutin présidentiel des 17 et 21 mars 2021, l’agriculture au sens large est véritablement recentrée au cœur de notre marche vers le développement.

Je ne rappellerai jamais assez qu’«Un Peuple qui ne produit pas ce qu’il consomme, n’est pas un Peuple libre».

Ainsi, nous réaffirmons la nécessité de renforcer notre résilience devant les chocs survenant sur les marchés agricoles et de réduire nos importations alimentaires.

Plusieurs initiatives entamées en 2021 et prolongées en 2022 méritent d’être poursuivies. Une attention particulière devrait être accordée à la Stratégie de développement des Zones agricoles protégées, des fermes aquacoles et des unités de fabrication de l’aliment de bétail pour soutenir les efforts de nos éleveurs.

Le projet manioc – banane plantain devrait être pris en compte dans le cadre des Zones agricoles protégées. De même, l’appui aux producteurs du secteur Café – Cacao devra s’amplifier à travers le Projet de développement de l’agriculture commerciale.

Bref, toutes ces initiatives et tous ces résultats restent vulnérables car dépendants des pluies, de l’irrigation naturelle. Or, notre agriculture ne peut plus se contenter des seules eaux de pluies même si notre pluviométrie demeure supérieure à la moyenne africaine.

Le changement climatique affecte déjà notre agriculture dans la mesure où, dans certaines parties du Congo, les pluies arrivent avec retard et se terminent de plus en plus tôt.

Ce phénomène, qui affecte les performances agricoles dans la partie Sud du pays, y compris en zone de forêt, confère une grande importance à la problématique de l’irrigation qui devra être sérieusement abordée par le gouvernement, tant sur le plan technique que financier.

La situation du secteur agricole amène à se référer à la question de la gouvernance foncière, en lien avec les réformes agraires ainsi que celle de la disponibilité et de l’accessibilité des superficies arables.

A ce propos, Je demande au gouvernement d’accélérer le processus de reconnaissance des terres coutumières, en vue de constituer les réserves foncières de l’Etat dédiées, entre autres, aux activités créatrices de richesse et à la dotation de notre pays en infrastructures.

Par ailleurs, l’équipe gouvernementale a été instruite d’accélérer les études et la mise en œuvre du projet de production des engrais, en tirant avantage des ressources importantes de gaz, de phosphates et de potasse dont dispose notre pays.

En clair, j’exhorte le gouvernement et tout notre peuple, à valoriser et à rendre disponibles tous les ferments indispensables à notre alimentation.

Dans cet élan, d’importants projets routiers rattachés au plan de résilience devront être engagés dans tous les départements pour faciliter le transport des produits et l’approvisionnement des centres de consommation.

  • Monsieur le Président du Congrès ;
  • Mes chers compatriotes ;

Au cours de cette année qui s’achève, des avancées ont été réalisées dans différents domaines, à l’image :

  • de l’achèvement des travaux de pavage de voiries de 4 quartiers cibles à BRAZZAVILLE et à POINTE-NOIRE ;
  • de l’achèvement de 5 centres pilotes de BRAZZAVILLE 1, POINTE-NOIRE, DOLISIE, OUESSO et OYO, en vue de la migration progressive de la télévision nationale de l’analogique vers le numérique terrestre ;
  • de l’achèvement des travaux de construction des casernes militaires qui devront accueillir, sous peu, les agents des forces armées congolaises.
  • Malgré le resserrement des ressources, d’autres projets d’infrastructures ont bénéficié d’une attention particulière et sont en cours de réalisation.
    Il s’agit, notamment :
  • de l’aménagement et du bitumage de la route d’intégration régionale DOLISIE – NDENDÉ, spécifiquement les travaux de bitumage jusqu’à KIBANGOU, assorti du pont de 355 mètres sur le NIARI, deuxième du pays par sa longueur après celui du KOUILOU ;
  • de la réhabilitation, de l’élargissement et du renforcement de la route nationale n° 2 sur les sections DJIRI- INGAH, ETSOUALI-NGO et NGO-GAMBOMA, ainsi que le rehaussement du remblai d’accès au pont sur la LÉFINI ;
  • de la réhabilitation de la route nationale n° 5 sur la section SIAFOUMOU – LEMBA – LOANGO ;
  • de l’aménagement et du bitumage de la route BOUNDJI – EWO, avec la reprise des travaux sur la section restante BOUNDJI – TSONGO ;
    » de l’aménagement de l’Avenue BITELIKA – NDOMBI dite route de l’aéroport de Pointe-Noire ;
  • de la poursuite du pavage des voiries dans les arrondissements de BRAZZAVILLE ;
  • des travaux du Centre des affaires de BRAZZAVILLE aux deux tours jumelles à MPILA dont l’achèvement et la mise en service sont projetés pour mi-2023 ;
  • de la construction du marché moderne de l’arrondissement 1 LUMUMBA à POINTE – NOIRE ;
  • de la construction de la ligne 110 kilovolts BOUNDJI – EWO et du poste 110/30/20 kilovolts, y compris l’acquisition des équipements électriques du circuit primaire du poste d’EWO ;
  • de la construction de la ligne haute tension 225 kilovolts pour l’alimentation électrique de la zone industrielle de MALOUKOU ;

“ de la poursuite des travaux de la centrale thermique d’iMPFONDO, d’une capacité de 2 fois 1700 kilowatts et du réseau de distribution moyenne tension, avec installation de 5 postes de distribution ;

  • de l’extension en zone périphérique et du renforcement du service d’eau potable de BRAZZAVILLE, avec la rénovation des infrastructures d’eau et d’assainissement du Centre hospitalier universitaire de BRAZZAVILLE.
    Dans le même temps, seront lancés les travaux de construction du pont sur la Sangha, maillon important du corridor 13 nous conduisant à la frontière de la République Centrafricaine, sans oublier de traiter le tronçon ENYELE – DONGOU – IMPFONDO.
    A l’évidence, l’énumération ci-haut met suffisamment en exergue le rôle catalyseur des infrastructures comme seul itinéraire menant à un réel développement.

Mais, leur coût dépasse largement les capacités de nos ressources propres, ce qui nous oblige aujourd’hui à recourir au partenariat public – privé.

Cette option participe de la volonté affirmée d’engager le processus de diversification des pôles de notre développement, afin d’éviter à l’économie nationale d’être prise en otage par une seule ressource, en l’occurrence le pétrole.

Ainsi, sur la base des projets bien étudiés, bien mûris, bien sélectionnés, prévus dans le cadre du Plan national de développement 2022 – 2026, J’exhorte le gouvernement à mobiliser des partenariats public-privé fiables et des financements adéquats, en vue de la poursuite de notre marche vers le développement.

D’ailleurs, pour améliorer le climat des affaires et permettre aux partenaires privés de sécuriser et rentabiliser leurs investissements dans notre pays, un projet de texte sur le partenariat public – privé est en circulation.

Modèle expérimental de ce partenariat public-privé, le développement des zones économiques spéciales procède de la nécessité de doter le Congo, de manière cohérente, de projets structurants qui constituent l’ossature du Plan national de développement 2022 – 2026.

Le démarrage imminent des travaux de développement des zones économiques spéciales de POINTE-NOIRE, d’OYO-OLLOMBO et OUESSO projette, avec raison, des performances encourageantes dans l’agroforesterie, l’agriculture avec la culture du café, du cacao et du palmier à huile, les industries pétrolières et chimiques, la transformation du bois et des minerais.

A propos des industries minières, notre pays place beaucoup d’espoir dans le projet MBALAM-NABEBA, dédié à l’exploitation d’un important gisement de fer, à cheval entre le CONGO et le CAMEROUN. Il comprendra une ligne de chemin de fer de 540 kilomètres dont 70 kilomètres se situent dans la partie congolaise.

J’enjoins le gouvernement d’assurer le suivi rigoureux de ce projet structurant et intégrateur et de consolider la mobilisation et l’accompagnement de nos partenaires techniques et financiers.

La mobilisation de l’investissement privé participe d’un ensemble de préalables liés à l’attractivité du climat des affaires ainsi qu’à la crédibilité et l’image de marque de notre pays.

Dans cette optique, Nous appelons, une fois de plus, au ressaisissement de nos cadres, pour s’abstenir de toute attitude rétrograde, de nature à décourager nos investisseurs, en subordonnant l’accomplissement d’un acte ou d’un service administratif au paiement d’une commission.

J’exhorte également notre justice à un réel réajustement des comportements, des attitudes et des pratiques des personnels en charge de dire le droit au nom du Peuple congolais.

L’intensification de la lutte contre la corruption, la fraude et la concussion, à travers la consolidation de la bonne gouvernance au sein de l’appareil étatique en général et judiciaire en particulier, reste l’un des leviers majeurs de notre action pour rassurer nos partenaires.

La tenue de la prochaine session du Conseil supérieur de la magistrature offrira l’occasion de mettre un coup d’arrêt à ces pratiques qui risquent de ruiner des pans entiers de l’économie nationale.

Il reviendra au gouvernement de poursuivre cette œuvre de redressement des mentalités par des conseils de discipline et des sanctions exemplaires à l’endroit des fonctionnaires indélicats.

  • Monsieur le Président du Congrès ;
  • Mes chers compatriotes ;

A l’occasion de ma prestation de serment, le 16 avril 2021, J’avais mis un point d’honneur sur « la gouvernance sociale et solidaire », avec toutes ses composantes dont l’essentiel repose sur l’eau et l’électricité pour tous, la couverture maladie universelle, la santé et l’éducation.

Ce sont là quelques-uns des engagements que J’ai pris pour le bonheur de nos populations dont l’impatience justifiée demeure palpable.

La création de l’université de POINTE-NOIRE et l’ouverture prochaine de l’université catholique de POINTE-NOIRE permettront de conforter le maillage du territoire national en infrastructures d’enseignement supérieur et de rééquilibrer la cartographie universitaire de notre pays.

Il en est ainsi de l’inauguration de l’Ecole nationale de la formation initiale et continue des enseignants de Mouyondzi, dans le département de la Bouenza, et de tous les autres établissements scolaires ouverts cette année à travers le pays.

De même, l’ouverture solennelle, au mois d’octobre dernier, des résidences du campus de l’université de KINTÉLÉ concourt à l’offre constante des conditions d’études adéquates, susceptibles de doper les performances académiques des jeunes bénéficiaires des enseignements de qualité dispensés dans cet alma- mater à vocation panafricaine, tourné vers les technologies innovantes.

La modernisation des autres cités de l’Université Marien NGOUABI est envisagée dès l’année prochaine, notamment à l’Ecole Nationale Supérieure, à Bayardelle, à Tcheulima et à l’ENAM.

Par ailleurs, dans notre détermination de doter le pays des leviers nécessaires de son bien-être, il sied également d’accélérer la mise en place de la Caisse d’assurance maladie universelle, pour répondre efficacement aux attentes légitimes des populations en matière d’offre et de qualité de soins ainsi que de prise en charge des services assurés.

Aussi, le lancement attendu du régime d’assurance maladie universelle devra-t- il constituer l’épine dorsale de l’agenda 2023 de la sécurité sociale dans notre pays, tout en accentuant l’attention due aux autres prestations en vigueur.

Sur ce plan, le relèvement de l’âge limite de départ à la retraite au profit des agents civils de l’Etat intègre les nouvelles normes de gestion du service public.

Dans ce domaine, la campagne de recrutement, au titre des années 2020 et 2021, a permis d’intégrer, dans les rangs de la fonction publique, 8.415 jeunes en quête d’emploi. Ces derniers seront rejoints, au titre de l’année 2022, par 3.940 autres jeunes. Cet effort de l’Etat sera maintenu, voire renforcé, durant la période 2022 – 2026.

De façon générale et malgré les turbulences de l’économie mondiale, les efforts déployés par le gouvernement pour garantir le paiement régulier des salaires et des pensions de retraite devraient être maintenus, voire redoublés, en intégrant, désormais, les bourses des étudiants actifs pendant que se poursuit la réflexion en cours sur les arriérés de bourses des étudiants et de pensions de retraite.

J’exhorte solennellement en outre le gouvernement :

  • à œuvrer pour des réponses judicieuses à la demande sociale et aux besoins vitaux de nos populations ;
  • à poursuivre les efforts de modernisation des systèmes éducatif et sanitaire ;
  • à intensifier, au-travers des filets sociaux, le soutien nécessaire aux compatriotes les plus démunis ;
  • à engager des solutions appropriées pour éradiquer la délinquance juvénile, l’insécurité péri-urbaine et les violences liées au genre qui prennent des proportions inquiétantes.

A ce sujet, des sites de rééducation, de réinsertion et de formation aux métiers et au civisme ont été identifiés par le gouvernement à BOKANIA et à AUBEVILLE.

J’enjoins le gouvernement à les rendre très vite opérationnels et à relancer le programme DDR pour une prise en main effective de notre jeunesse en quête de repères et en proie à la radicalisation et à l’extrémisme violent.

De même, j’ose espérer que la loi n° 19 – 2022 du 4 mai 2022 contribuera à donner un nouvel élan à la lutte contre les violences faites aux femmes au Congo.

Parce qu’il s’agit d’une avancée importante, nous devons, dans les meilleurs délais, rendre disponibles les textes d’application de cette loi et veiller à leur stricte mise en œuvre au profit de la femme.

Pour tenir compte des enjeux socio-économiques, de leur autonomisation, il sied d’accélérer l’inclusion financière des femmes, par une plus grande accessibilité aux facilités bancaires et un accompagnement adéquat, en termes de formation et de management de leurs activités génératrices de revenus dans le secteur informel.

C’est ici le lieu de saluer à nouveau la mémoire de la Vénérable Joséphine MOUNTOU BAYONNE, qui a tiré sa révérence, après avoir longtemps œuvré au profit de la promotion et de l’intégration de la femme au Congo.

C’est aussi le lieu, sur un chapitre plus ou moins heureux, de saluer la détermination de notre vaillante équipe nationale de handball féminin qui a donné un peu de sourire et d’espoir aux fanatiques de sport, en se hissant à la 3ème place du championnat africain, se qualifiant ainsi à la coupe du monde de handball de 2023.

  • Monsieur le Président du Congrès ;
  • Mes chers compatriotes ;

Au regard de ce qui précède, Nous faisons œuvre utile pour une transition intergénérationnelle qui ne falsifie ni les faits, ni les circonstances.

Au regard de la résilience exemplaire de notre Peuple et face aux défis de la gouvernance, la responsabilité des cadres est lourde en ce qui concerne la lutte contre les antivaleurs, tels l’incivisme, la fraude, la corruption, la concussion, le trafic d’influence.

Le dévouement de notre élite ne doit être ni saisonnier, ni circonstanciel. J’appelle les parlementaires à assurer avec rigueur le contrôle de l’action menée par l’exécutif, les instruments y afférents étant à leur portée.

En cela, la présence de plus en plus nombreuse des jeunes et des femmes au sein de l’Assemblée nationale et des Conseils locaux, à l’issue des élections législatives et locales de juillet 2022, constitue le gage de vitalité de nos institutions dédiées à l’exercice de la démocratie participative.

C’est, sans conteste, le terreau d’une transition intergénérationnelle prometteuse, d’une évolution positive vers l’objectif « PARITÉ » et, aussi, d’échanges constructifs lors des sessions parlementaires, en lien avec nos objectifs de développement.

J’adresse mes chaleureuses félicitations aux heureux élus, en particulier aux membres des Bureaux de l’Assemblée nationale et des Conseils départementaux et municipaux.

L’occasion est indiquée pour renouveler également mon appel aux Conseils locaux afin que soit donné un contenu concret à la décentralisation par, entre autres, leur engagement sans faille pour une gestion orthodoxe des services décentralisés, en vue d’un essor cohérent de nos différentes collectivités.

Le gouvernement devra faire preuve de diligence en vue de la mise en œuvre effective de la décentralisation, en garantissant sans délai la rétrocession des centimes additionnels et autres recettes dévolues aux collectivités locales et en mettant à disposition les ressources prévues, concomitamment au transfert des compétences.

L’attention du gouvernement est également appelée sur le fonctionnement des Conseils consultatifs nationaux dont les mandats, pour certains, sont arrivés à terme.

Il s’agira de les restructurer dans la responsabilité et l’exigence stricte de leur efficacité.

Le processus en cours de renouvellement des organes d’expression de la démocratie se poursuivra avec les élections sénatoriales l’année prochaine.

Je souhaite, d’ores et déjà, bonne chance aux vénérables sénateurs qui mettront leur mandat en jeu et espère les voir poursuivre leur mission.

  • Monsieur le Président du Congrès ;
  • Mes chers compatriotes ;

Si l’environnement national reste marqué par la sérénité et l’optimisme, le contexte international, par contre, est dominé par plusieurs conflits, la crise entre la Russie et l’Ukraine suscitant une grande mobilisation de la communauté internationale.

A ce sujet, la voix de la République du Congo, qui est portée par l’Union africaine, soutient l’attitude de neutralité et l’impérieuse nécessité d’un dialogue continu.

Dans le concert des Nations et à travers le monde, la diplomatie congolaise s’est attelée, cette année, à consolider les relations d’amitié avec les Etats et les organisations internationales.

Il s’agit notamment :

  • de la tenue en janvier 2022, à BRAZZAVILLE, de la 20è session ordinaire de
    la Conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale, au terme de la première année de l’entrée en vigueur du Traité révisé de cette communauté régionale.
    Ayant assuré ce mandat inaugural, le CONGO a ouvert la voie de la nouvelle dynamique impulsée par les dirigeants de notre région, concernant l’intégration en Afrique centrale ;
  • du renouvellement de la confiance à l’endroit du Congo avec notre reconduction à la tête du Comité de haut niveau pour la Libye, par les Chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine, réunis les 5 et 6 février 2022, à Addis-Abeba, en Ethiopie. Notre pays continue d’œuvrer à l’application de la feuille de route édictée par l’union africaine, avec l’organisation à TRIPOLI de la réunion préparatoire à la Conférence de réconciliation inter-libyenne ;
  • de la participation du CONGO au 6ème Sommet Union européenne – Union africaine, les 17 et 18 février 2022 à BRUXELLES, en BELGIQUE.
    Ce Sommet a constitué un cadre de réflexion commune sur les moyens à mettre en œuvre, en vue de redynamiser le partenariat entre l’Union européenne et l’Union africaine, sur fond des effets néfastes de la pandémie de COVID-19.
  • de la participation, en mai 2022 à Malabo en GUINEE EQUATORIALE, au Sommet extraordinaire de l’union africaine sur le terrorisme et les changements anticonstitutionnels de régime.

A cette occasion, nous avons réaffirmé la position de la République du CONGO relative à une Afrique débarrassée, à tout jamais, des fléaux de toutes sortes qui n’ont que trop retardé son plein essor.

  • de l’accompagnement de la transition politique au TCHAD et la mise en œuvre des conclusions du Dialogue de réconciliation souveraine. Le CONGO est demeuré aux côtés de ce pays frère, dans des moments extrêmement difficiles. Cet engagement doit être tenu dans toute la mesure de nos moyens ;
  • de la mobilisation et de la vigilance face à la situation politique et sécuritaire à l’Est de la RÉPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO. Notre diplomatie est demeurée mobilisée en vue de la mise en œuvre effective de la feuille de route de LUANDA relative à la cessation des hostilités par le groupe M23 et son retrait des positions actuellement occupées.
    Le CONGO tient à cette exigence prescrite par le mini-sommet de NAIROBI et réaffirmée par le récent Sommet de Luanda du 23 novembre 2022.
    La participation de notre pays à la 27è Conférence des Nations Unies sur les
    changements climatiques, du 6 au 18 novembre dernier en Egypte, a constitué une opportunité de choix qui nous a permis de lancer un Appel solennel en faveur de l’instauration, par la communauté internationale, de la Décennie Mondiale de l’Afforestation.
    Il sied à présent de donner un contenu concret à cette démarche au service de la protection de l’environnement et de la préservation de l’humanité face aux effets néfastes des dérèglements climatiques.
    Il s’agit de mobiliser l’Afrique derrière cette noble initiative, à travers son appropriation et son endossement par l’union africaine pour que cet Appel prenne corps.
  • Monsieur le Président du Congrès ;
  • Mes chers compatriotes ;

Alors que se desserre l’étau de la crise économique et financière survenue dans notre pays, à partir de 2014 et synthétisée encore récemment par un taux de croissance de – 6,2% en 2020 et -1,5% en 2021, le Congo retrouve, après plusieurs années de dur labeur et de sacrifices, la voie du retour aux équilibres macro-économiques.

Après deux années consécutives de récession, due essentiellement à la crise sanitaire liée à la pandémie de COVID-19 et aux effets néfastes de la forte baisse des cours des matières premières, notamment du pétrole, l’économie nationale se redresse progressivement, ce qui se traduit par un taux de croissance de 2,6% en 2022.

Les activités et les réformes à impact durable sur la vie économique, financière et sociale à venir de notre pays augurent de perspectives encourageantes avec, notamment :

– la révision de la Charte des investissements ;

l’accélération du processus de simplification de la fiscalité ;

– la poursuite du paiement de la dette sociale.

La consolidation des finances publiques se poursuit et la croissance devrait se raffermir davantage.

Notre détermination a porté ses fruits. L’espoir est toujours permis. Le premier mérite de ce résultat exaltant, acquis au prix d’un effort persévérant, revient au Peuple, le souverain primaire dont vous êtes les représentants.

Je ne le dirai jamais assez : la PAIX constituera toujours la clé de voûte de notre édifice commun le plus précieux, le CONGO, sur une superficie de 342.000 kilomètres carrés, peuplé de 5.000.000 d’habitants. Plus de la moitié de la population est jeune, un atout de choix en termes de ressources humaines.

Le progrès doit être cumulatif et ne pas porter les germes de la construction- destruction-reconstruction, d’où l’impérieuse nécessité de préserver la Paix.

C’est à ce prix que notre marche vers le développement aboutira à des résultats pertinents.

  • Vive la République !
  • Vive le Congo !

Je vous remercie.

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