Société

Le « Syndicat » se déploie sur la toile congolaise

Le « syndicat » c’est le concept qui secoue actuellement les plateformes sociales d’Afrique francophone. Ce « syndicat » virtuel composé  exclusivement d’hommes, est une organisation fictive qui fixe un l’ensemble des règles devant régir les rapports relationnels entre les jeunes hommes et femmes. 

Pour retrouver l’origine de ce phénomène, il faut aller en Afrique de l’Ouest, notamment en Côte d’Ivoire où le concept a pris forme. L’artiste ivoirien Suspect 95 lance le concept du « syndicat » dont il s’autoproclame président.

Un discours misogyne ?

L’artiste ivoirien qui se révèle en Côte d’Ivoire par son talent d’artiste mais aussi pour ses prises de position et son franc parler, utilise sa verve pour moraliser une catégorie de la gente féminine qu’il qualifie de vénale et paresseuse. 

Un discours qui lui a attiré la sympathie d’une large partie de la communauté masculine, mais aussi pour la colère et les critiques de certaines femmes qui jugent misogynes les propos de l’artiste.

En avril dernier, alors que le monde est confiné, un débat sur les « Sugar Daddy » entendez, des hommes âgés financièrement stables qui entretiennent des relations avec des jeunes filles, l’oppose à une influenceuse. 

Un échange virtuel qui va mettre un coup de projecteur sur le jeune rappeur et les idées qu’il défend à travers sa musique.

Ajouté à cela, les reprises de titres tels que « donnes lui l’argent » de DJ Léo, ou « Paradis » de Mula, dans lesquelles Suspect 95 va déconstruire avec humour l’image de la femme présentée par les auteurs, vont mettre la majorité d’accord, le syndicat prend forme au-delà des frontières ivoiriennes.

Le syndicat au Congo 

Il faut attendre le mois de novembre 2020 pour voir le phénomène envahir la toile congolaise. À l’instar de plusieurs autres pays de la sous région, Cameroun, Gabon, la République démocratique du Congo,… plusieurs internautes, des hommes pour la plupart, se déclarent syndicalistes et diffusent des infographies et messages pour marquer leur appartenance au syndicat. 

La mesure phare du syndicat, c’est la règle fixant le montant à débourser pour le transport d’une fille après une visite ou un rendez-vous. « Le transport fixé par le Syndicat c’est 2000 francs, pas plus pas moins. », tels que défini par le président sur Twitter.  

Interrogés, les syndicalistes affirment qu’il s’agit avant tout d’un divertissement d’un message à prendre au second degré. Certains y trouve un moyen de dénonciation de  « l’exploitation de l’homme par la femme » #LeSyndicatduCongo

Loin d’être un discours misogyne, il s’agit plutôt, selon eux, d’inviter les femmes à une prise en charge. « Le but du Syndicat n’est pas d’humilier les femmes au contraire, le syndicat permet de mettre en valeur la femme. En 2020, la femme a atteint le niveau d’une émancipation vraie, capable de se prendre en charge. » #SyndicatCongo.

Les femmes congolaises face aux syndicalistes 

La blague n’est pas toujours du goût des principales concernées. Plusieurs femmes dénoncent un mouvement derrière lequel se cachent « des hommes immatures » incapables d’assumer leurs responsabilités dans un couple « Les vrais hommes ne sont pas des syndicalistes ». 

Un avis tranché auquel certaines femmes n’adhèrent pas, pour elles, le message de l’artiste traduit une certaine réalité, reconnaissant la transformation des rapports hommes femmes au Congo, qui sont, disent-elles « de plus en plus basés sur l’argent. Avec les réseaux sociaux beaucoup veulent la vie des pseudos influenceuses. ».

Globalement les femmes s’en amusent affirmant que les syndicalistes sont des hypocrites qui répondent au doigt et à l’œil lorsqu’ils sortent des réseaux sociaux. 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page