Il s’est tenu ce jeudi 5 novembre la 12e réunion de la Coordination nationale de gestion de la pandémie de coronavirus (COVID-19) par visioconférence placée sous l’autorité du Président de la République Denis Sassou Nguesso. Pas de grand changement, les principales mesures de restrictions ont été reconduites.
Nous publions in extenso le compte rendu de ladite réunion.
[COMMUNIQUE FINAL] douzième réunion de la Coordination nationale de gestion de la pandémie de coronavirus (COVID-19) au Congo, du jeudi 05 novembre 2020, présidée par le président de la République._________________
Il s’est tenu ce Jeudi 05 Novembre 2020, de 10h00 à 12h00, par visioconférence et sous la très haute autorité de Son Excellence, Monsieur Denis SASSOU N’GUESSO, Président de la République, Chef de l’Etat, la 12ème réunion de la Coordination Nationale de gestion de la pandémie de coronavirus Covid-19.
Ont été invités à se joindre aux Membres de la Coordination Nationale les Professeurs Fidèle YALA et Antoine Ange ABENA, respectivement président et vice-président du Comité d’experts.
Deux (2) points étaient inscrits à son ordre du jour, à savoir :
– L’examen du 12ème Rapport de la Task Force à la Coordination Nationale de gestion de la pandémie de coronavirus Covid-19 ;
– Les recommandations de la Coordination Nationale.
I/ – De l’examen du 12ème Rapport de la Task Force près la Coordination Nationale de gestion de la pandémie de coronavirus Covid-19.
Invité par le Président de la République à prendre la parole, M. Gilbert ONDONGO, Ministre d’État, Ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Portefeuille Public, Président de la Task Force, a indiqué à la Coordination Nationale que la deuxième vague de propagation du coronavirus covid-19, tant redoutée à travers le monde, est devenue réalité dans plusieurs régions du monde. Certains pays mettent en œuvre des mesures restrictives, allant jusqu’au reconfinement, comme aux premières heures de survenue de la pandémie.
En ces premiers jours de novembre 2020, il est déclaré plus de 47 millions de cas de contamination sur la planète, dont plus de 9 millions aux Etats-Unis d’Amérique. Le monde enregistre quant à lui plus d’un million deux cent mille décès causés par la maladie de Covid-19.
Avec moins de 2 millions de cas positifs et moins de 45.000 morts, l’Afrique tire relativement bien son épingle du jeu.
Dans notre pays, le Congo, la situation demeure maitrisée, en dépit de quelques signaux d’alerte observés au cours des deux dernières semaines, notamment à Pointe-Noire et dans le nord du pays.
A. EVOLUTION RECENTE DE L’EPIDEMIE
Au cours du mois d’octobre 2020, les cinq principaux laboratoires du pays ont réalisé le plus grand nombre de tests depuis l’apparition de la pandémie au Congo (plus de 15.000). Le mois écoulé affiche également le plus faible taux de positivité (3,17%).
Les chiffres disponibles confirment la décrue amorcée au mois d’août, après le pic atteint fin juillet 2020. La montée en puissance de l’épidémie dans notre pays aura duré quatre mois.
La Coordination Nationale se satisfait du nombre toujours croissant des personnes guéries. A la fin du mois d’octobre 2020, il n’y avait, selon les données du ministère en, charge de la santé, plus que 407cas actifs de Covid-19 dans notre pays, dont 296 traités à domicile.
Plus globalement, les grandes tendances de l’épidémie, depuis son apparition en mars 2020, demeurent les mêmes.
Les personnes se trouvant dans la tranche d’âge de 30-35 ans sont les plus contaminées (833 sur un total de 5.348).
De façon plus générale, ce sont les adultes de 25 à 60 ans qui ont été les plus contaminés (4.451 sur 5.348, soit 83,2%), avec un taux de positivité par tranche d’âge au-dessus de 6%. Les personnes âgées de 75 ans et plus sont les moins contaminées (51 parmi les 5.348 cas positifs).
La mortalité néanmoins plus importante chez les personnes les plus âgées (10 décès sur les 51 cas positifs de plus de 75 ans), soit un taux de létalité 20% pour cette catégorie de la population.
Plus des deux-tiers (2/3) des personnes contaminées sont des hommes (3.830 hommes et garçons contre 1.518 femmes et filles). Brazzaville demeure le principal foyer de contamination (3.402 cas positifs cumulés, soit 63,6% du total du pays).
Pointe-Noire est le deuxième foyer de contamination, avec 1.485 cas positifs.
Les deux principales villes du pays comptent en leur sein un peu plus de 91% des personnes ayant été contaminées.
Il n’en reste pas moins, après ces quelques constats positifs, que quelques signaux ont appelé une attention particulière de la Coordination nationale. Par exemple, avec un nombre de tests de 4.666, Pointe-Noire a enregistré plus de cas de contaminations (187) que Brazzaville sur la même période (soit 181 cas positifs sur 9.513 tests effectués).
D’autre part, la situation est relativement préoccupante dans la partie nord du pays, qui a compté 120 personnes contaminées sur 1.194 personnes testées en octobre, soit un taux de positivité de 10%. Ce taux de positivité est resté supérieur ou égal à 10% dans la partie septentrionale du pays depuis la réalisation des premiers tests en juillet 2020 à l’hôpital général Edith Lucie Bongo Ondimba.
Autre signe d’inquiétude, c’est le début de circulation de la maladie dans quelques établissements scolaires. Les tests-témoin, réalisés en fin du mois d’octobre à Pointe-Noire, ont fait apparaitre 14 cas de contamination parmi 312 élèves testés, soit un taux de positivité de 4,5%.
A cet égard, la Coordination Nationale rappelle aux populations que la situation globale reste grave. Nous ne sommes pas à l’abri d’un rebond de l’épidémie, comme cela a été constaté dans le monde et même, plus près de nous, en Afrique du nord.
La Coordination Nationale déplore un certain relâchement dans le respect des mesures barrières, et invite les populations à s’assurer du respect des mesures de distanciation sociale, seul moyen de prévention face à cette redoutable pandémie.
B. SITUATION DES AIDES SOCIALES LIEES A L’EPIDEMIE.
Poursuivant son propos, le Ministre d’Etat ONDONGO a rappelé aux Membres de la Coordination Nationale qu’au moment du déclenchement de l’épidémie en mars 2020, le
Gouvernement avait décidé de mettre en place plusieurs types d’aides sociales, notamment des transferts monétaires aux populations les plus vulnérables ainsi que la prise en charge, en totalité ou en partie, des revenus des actifs mis au chômage forcé ou au chômage technique.
a) – Les transferts monétaires aux populations vulnérables.
A la suite des réunions précédentes de la Coordination nationale de gestion de l’épidémie de Covid-19, le Gouvernement avait résolu d’apporter une aide, sous forme de transferts monétaires, aux populations les plus démunies et à celles qui devaient perdre ou connaître une baisse significative de leur pouvoir d’achat du fait du confinement.
La décision avait été prise de sélectionner, dans un premier temps, 200.000 ménages appelés à bénéficier de cette aide. La clé de répartition retenue avait été de : 100.000 ménages de Brazzaville et Kintélé ; 60.000 ménages de Pointe-Noire et 40.000 pour tous les autres Départements, en tenant compte à la fois du poids démographique de la zone considérée et du degré de vulnérabilité des populations de chaque département.
Sur cette base, le ministère en charge des affaires sociales, a retenu une ventilation par département, commune et district.
Le montant net à transférer était de 10 milliards fcfa, à raison de 50.000 fcfa par ménage.
A ce jour, la situation des paiements se présente ainsi qu’il suit.
A/ Ménages ayant déjà bénéficié du paiement.
• POTO-POTO 1
Nombre de ménages : 1.408 ;
Montant : 70.400.000 fcfa ;
Agence de paiement : GCF et SOPECO Poste Mobile.
• KINTELE
Nombre de ménages : 2.967 ;
Montant : 148.350.000 fcfa ;
Agence de paiement : SOPECO Poste Mobile. 1
• ANCIENNES ZONES LINSUGI
Nombre de ménages : 11.325 ;
Montant : 566.250.000 fcfa ;
Agence de paiement : BPC.
TOTAL : 785.000.000 FCFA pour 15.700 ménages.
B/ Ménages en cours de paiement depuis le 8 octobre 2020.
• BACONGO
Nombre de ménages : 6.988 ;
Montant : 349.450.000 fcfa ;
Agence de paiement : SOPECO Poste Mobile.
• OUENZE
Nombre de ménages : 9.381 ;
Montant : 469.050.000 fcfa ;
Agence de paiement : Airtel Money.
TOTAL : 818.500.000 FCFA pour 16.369 ménages.
C/ Paiements programmés pour le mois de novembre 2020.
• TALANGAI
Nombre de ménages : 20.799 ;
Montant : 1.039.950.000 fcfa ;
Agence de paiement : -.
• MAKELEKELE
Nombre de ménages : 15.556 ;
Montant : 777.800.000 fcfa ;
Agence de paiement : -.
TOTAL : 1.817.750.000 FCFA pour 36.355 ménages.
Source : Ministère des affaires sociales
Il convient de noter que ces opérations couvrent 68.424 ménages, avec la couverture attendue de 131.000 autres, ce qui nécessitera une mobilisation de ressources financières de l’ordre de 6 milliards 500 millions francs cfa.
b) – La compensation des revenus perdus des actifs.
Les actifs dont la Coordination Nationale s’est penchée sur la situation sont ceux qui exerçaient une activité générant un revenu, dans les secteurs dits formel et informel, avant la survenue de l’épidémie. Ce sont plus d’un million de personnes qui ont perdu une partie ou tout leur revenu pendant la période de confinement.
Les moyens financiers à mobiliser étant trop importants par rapport aux ressources publiques disponibles, la Coordination propose que l’effort financier porte principalement sur la compensation des salaires des employés qui avaient été mis au chômage technique pendant le confinement.
Suivant les données du ministère en charge du travail, 4.451 salariés, employés par 106 entreprises sont concernés, pour un coût total d’environ 1 milliard 500 millions francs cfa.
La Coordination Nationale suggère que cette somme soit versée aux entreprises, par débit du compte du Fonds National de Solidarité. Les entreprises listées se chargeront de payer les salariés concernés.
Enfin, la Coordination relève le fait qu’au-delà des travailleurs qui étaient en situation de chômage technique, il y a les propriétaires et les salariés des entités dont les activités demeurent fermées jusqu’à ce jour. Il s’agit notamment des boîtes de nuit et autres lieux de danse. Aussi, la Coordination propose que soit envisagée une compensation partielle des revenus perdus par les actifs de ces entités.
Il pourrait en être de même des actifs des entités autorisées à reprendre leurs activités mais qui n’arrivent pas à redémarrer, faute de trésorerie.
Au final, la Coordination Nationale propose un examen au cas par cas des différentes situations, afin d’évaluer les montants à engager pour la compensation partielle des revenus perdus par les actifs concernés.
II/ – Des recommandations de la Coordination Nationale.
La Coordination Nationale recommande des mesures de lutte contre la propagation de la maladie, ainsi que des mesures d’ordre social à apporter aux différentes catégories des populations résidant sur le territoire national.
A. RECOMMANDATIONS LIEES AUX AIDES SOCIALES
– Accélérer la réalisation des transferts monétaires aux populations vulnérables ;
– Verser dans les meilleurs délais aux salariés dûment recensés, par le truchement de leurs entreprises, l’équivalent de deux mois de revenus perdus du fait de leur mise au chômage technique (avril et mai 2020). Le paiement pourrait s’étaler sur deux mois ;
– Compenser en partie les pertes de revenus des propriétaires et employés des entités économiques fermées depuis l’entrée en vigueur de l’état d’urgence sanitaire ;
– Prendre en charge, pour un trimestre au maximum, une partie de la masse salariale des entités économiques, triées en fonction du nombre de leurs employés, de leur utilité sociale et de leur apport à la vie économique, qui éprouvent des difficultés à relancer leurs activités de production.
B. NOUVELLES RECOMMANDATIONS POUR LA PREVENTION.
– Acquérir et distribuer des masques artisanaux lavables aux étudiants (55.000), aux élèves des collèges et lycées (550.000) dans les principales villes du pays ;
– Acquérir une plate-forme d’enseignement à distance pour l’université Marien NGOUABI, afin de limiter au strict nécessaire les cours en mode présentiel ;
– Procéder à la fermeture effective des résidences universitaires en faisant partir les occupants encore présents sur les lieux ;
– Organiser régulièrement (au moins une fois par mois) le dépistage des échantillons d’élèves et étudiants ainsi que des personnels ;
– Doter les établissements scolaires et universitaires des matériels de prévention (visières pour les enseignants, matériels et produits de désinfection des salles, << thermo-flash >> dans chaque salle, solution hydro alcoolique, etc.).
Compte tenu de l’importance des recommandations d’ordre social et des mesures de prévention identifiées au cours de sa Réunion, la Coordination Nationale recommande au Gouvernement de procéder dans les meilleurs délais au déblocage de la somme de deux milliards et cinq cents millions de frs CFA, afin de faire face à ces urgences.
C. RECOMMANDATIONS RECONDUITES.
– Proroger l’état d’urgence sanitaire pour une nouvelle période de vingt (20) jours, à compter du 07 novembre 2020 ;
– Maintenir le couvre-feu à Brazzaville et à Pointe-Noire, de 23 heures à 5 heures;
– Poursuivre, en intensifiant, les campagnes de sensibilisation et de prévention pour éviter un éventuel rebond de l’épidémie ;
– Exiger le port obligatoire et conforme du masque de protection individuelle ;
– Faire observer partout et par tous toutes les autres mesures barrières ;
– Maintenir les contrôles exercés par la force publique et par les dirigeants de toutes les structures accueillant du public, portant sur le port obligatoire du masque et sur la distanciation physique ;
– Interdire tout rassemblement de plus de cinquante (50) personnes dans les lieux publics et privés, à l’exception des marchés domaniaux et de la participation à une activité autorisée dans le cadre du déconfinement, respectant les mesures barrières ;
– Limiter à cinq jours (lundi, mardi, jeudi, vendredi et samedi) l’ouverture des marchés domaniaux à Brazzaville et à Pointe-Noire ;
– Limiter à la stricte intimité la célébration de tous les événements familiaux dans le respect de toutes les mesures de prévention ;
– Maintenir la fermeture des boites de nuit et autres lieux de danse ;
– Faire exercer les contrôles sanitaires et ceux de la force publique à l’entrée et à la sortie de toutes les villes du pays ;
– Exiger la présentation, à la frontière, d’un test PCR négatif pour tous les passagers au départ du Congo, à l’exception des enfants de moins de onze (11) ans ;
– Exiger la présentation, à la frontière, d’un test PCR négatif de moins de 72 heures pour tous les passagers arrivant au Congo, à l’exception des enfants de moins de onze (11) ans ;
– Interdire les promenades en groupe de plus de trois personnes sur les voies et espaces publics, notamment la corniche et les alentours des stades de Brazzaville ainsi que les bords de l’océan atlantique à Pointe-Noire et dans le Kouilou ;
– Interdire l’installation sur la voie et les espaces publics de chapiteaux destinés à accueillir des personnes ;
– Faire limiter à dix (10) le nombre des membres d’une famille appelés à participer à la levée du corps, à la morgue, d’un parent décédé, en voie d’inhumation ;
– Interdire le retrait des dépouilles mortelles des morgues municipales en vue de leur exposition en ville ;
– Faire limiter le nombre de corps à inhumer par jour.
Fait à Brazzaville, le 05 novembre 2020
Pour la Coordination Nationale de gestion de la pandémie de coronavirus Covid-19
Le Ministre de la Communication et des Médias,
Porte-Parole du Gouvernement.