80 ans du Manifeste de Brazzaville : la France veut « renforcer son influence »
La République française entend « renforcer son influence » dans son pré carré africain lors des festivités marquant les quatre-vingts-ans du Manifeste de Brazzaville, qui auront lieu du 27 au 29 octobre. C’est entre autres, l’analyse faite par le politologue Joseph Bitala Bitemo, sur les antennes de la Radio nationale.
Brazzaville abrite du 27 au 29 octobre, le 80e anniversaire du Manifeste de Brazzaville organisé par le gouvernement congolais en partenariat avec l’Ambassade de France au Congo et la Fondation Charles de Gaulle.
Un rendez-vous qui permettra, selon la version officielle, de retracer les moments forts de cette histoire qui a marqué un tournant dans l’organisation de la France Libre.
Célébrée sous le thème : « De Gaulle et Brazzaville, une histoire partagée entre la France, l’Afrique et le Congo », ces retrouvailles constituent un moment important pour mettre en avant le rôle joué par les anciennes colonies françaises dans la libération de la France pendant la seconde guerre mondiale, affirmait le ministre des Affaires étrangères Jean-Claude Gakosso, lors de la tournée au cours de laquelle il a convié plusieurs personnalités politiques à l’événement.
Pour plusieurs observateurs, il s’agirait pour la France de profiter du ballet diplomatique attendu lors de cet événement, pour renforcer son leadership quelque peu menacé par la montée en puissance d’autres nations dans ses milieux d’influence.
« Le premier bénéficiaire d’abord c’est la France, parce qu’au-delà des retrouvailles de la grande famille francophone, il est question pour la France de renforcer son influence, et un leadership mis à mal depuis quelque temps au sein du pré carré, parce qu’il y a la montée des puissances autres par exemple, la Chine, les USA et la Russie. », affirme Joseph Bitala Bitemo, Docteur en Sciences Politiques et conseiller du Chef de l’Etat, Denis Sassou Nguesso.
Le média panafricain Financial Afrik, évoque nommément des « enjeux économiques prééminents au moment où des voix s’élèvent de plus en plus dans l’espace francophone non seulement pour exiger la déclassification des archives historiques, mais davantage pour la révision des accords de coopération économique largement à l’avantage de la France ».
L’opinion publique congolaise est, quant à elle, partagée sur la question de l’intérêt de ces festivités. Pour nombre de congolais, peu enthousiasmés par l’événement au regard non seulement du contexte de crise sanitaire mais également du floue manifeste autour de son objet, les critiques sont nombreuses. « Je trouve que cette cérémonie n’a aucun intérêt pour le Congo, car elle concerne les Français… Je sais que le Congo doit dépenser beaucoup d’argent pour l’organisation de la dite cérémonie, alors que nous savons nos besoins actuels. J’en conclu que c’est du gaspillage. », affirme un internaute.
Quoi qu’il en soit, dès l’ouverture du colloque ce mardi, le ton a été donné par le ministre français de l’Europe, et des Affaires Étrangères qui a invité les pays conviés à faire bloc avec la France, et à se donner à nouveau un destin commun et un partenariat basé sur l’équité et des « rapports plus apaisés ».
Les 80 ans du Manifeste de Brazzaville marquent l’appel du Général de Gaulle en 1940 à Brazzaville, capitale de la France Libre, à l’époque, à la résistance des troupes françaises à l’invasion allemande. Il sollicita alors l’appui des pays africains pour vaincre la domination du Nazi. Le Moyen-Congo, Tchad, Cameroun, Oubangui-Chari et notamment le Gabon vont constitués le premier noyau de la France libre.