CEMAC : un trafic de pièces de monnaie fait craindre le pire à la communauté
Déjà dans le dur du fait de tensions économiques et inflationnistes, l’Afrique centrale, et notamment la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) qui amorce progressivement son redressement, doit faire face depuis plusieurs années à un défi de taille : le trafic de pièces de monnaie. Au cœur d’un énorme réseau de corruption qui selon plusieurs sources serait entretenu par des ressortissants chinois attirés par la valeur réelle du métal utilisé pour la fabrication de ces pièces, ce trafic fait craindre le pire à nos économies.
Si le redressement économique de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) s’est poursuivi en 2023, soutenu par des cours favorables des hydrocarbures qui ont renforcé sa position extérieure comme l’a souligné en décembre dernier, le Fonds Monétaire International (FMI), plusieurs facteurs à la fois endogènes et exogènes pourraient favoriser une déstabilisation à moyen terme des économies de la zone. C’est le cas du trafic de pièces de monnaie.
Placé sur la liste des sujets d’importance en 2019 après plusieurs années dans l’ombre, ce trafic de pièces de 25, 50 et 100 FCFA, entretient de diverses manières, les pressions et tensions inflationnistes à l’échelle régionale. En effet, au cœur d’un énorme réseau de corruption qui selon plusieurs sources serait encouragé par des “ressortissants et investisseurs chinois” attirés par la valeur réelle du métal utilisé pour la fabrication de ces pièces. Un métal dont la valeur finale serait de 15 à 20% supérieure à celle des pièces de monnaie.
Jusqu’à 6000 euros la tonne de métal utilisé pour la fabrication de pièces de monnaie
Comme indiqué par le groupe international d’études sur le cuivre (ICSG), cité par nos confrères de BFM dans un sujet dédié à ce fléau qui entrave d’une certaine manière l’assainissement globale des finances publiques dans la région, même si cet assainissement reste tributaire des dérives et autres dérapages budgétaires au sommet des Etats, « ce métal est toujours autant prisé à cause de sa valeur marchande et se revend à plus de 6.000 euros la tonne ».
Principalement exportées vers la Chine via ce trafic, ces pièces de monnaie servent à fabriquer des bijoux, des sculptures et des micro-éléments électroniques, ce métal pioché dans la région contribue donc largement au développement de cette économie parallèle. Toute chose qui obère le développement de nos économies tout en affaiblissant un peu plus le pouvoir d’achat des ménages qui s’en trouvent contrarié dans la mesure où les commerces, faisant face à ce défaut de pièces de monnaie, arrondissent leurs prix. Un problème que peine à résoudre la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC).