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Interview : Elle organise une collecte pour les sinistrés de Brazzaville

La capitale Brazzaville, comme plusieurs villes du pays est victime depuis plusieurs mois de pluies diluviennes à l’origine de montées des eaux, d’érosions, et de coulée de boue. Conséquence immédiate, des milliers de personnes se retrouvent en situation d’urgence humanitaire. Le Collectif Entre Elles et la Fondation Chancel Gatsoni ont lancé une campagne de crowdfunding destinée aux familles sinistrées. Dans le cadre d’une interview exclusive, Noellie Ngombe, fondatrice du Collectif Entre Elles nous en dit plus sur cette opération.

Parlez-nous du collectif à l’initiative de cette action, et de votre projet.

« Je suis fondatrice du Collectif Entre Elles qui est un ensemble des femmes actives et bénévoles liées par la volonté de venir en aide aux autres femmes congolaises. Le but de ce collectif est d’accompagner et de soutenir les femmes congolaises dans leurs démarches administratives et/ou professionnelles grâce à un réseau d’entraide. Le leitmotiv reste le même aujourd’hui : aider le plus grand nombre. D’où le lancement ce 13 janvier 2020, d’une campagne de crowdfunding avec la Fondation Chancel Gastoni. »

Rejoignez le collectif : Entre Elles

Qu’est-ce qui vous pousse aujourd’hui à sortir de votre champ d’action habituel ?

« La situation d’urgence dans laquelle se trouvent beaucoup de familles congolaises est alarmante. Une Femme que le Collectif a accompagné en 2019 dans sa recherche d’emploi nous a de nouveau contacté pour avoir un soutien financier car elle venait de perdre son logement à Talangai. La crise sociale que traverse le pays ne nous indiffère pas. L’action du Collectif ne pouvait pas se limiter au périmètre habituel. Avec Chancel Gatsoni qui s’engage au quotidien auprès des jeunes au Congo, le mot d’ordre a tout de suite été évident pour nous : action. On se devait de bouger, d’apporter quelque chose modestement. »

Depuis le début des sinistres, on a suivi de nombreuses initiatives étrangères, mobilisation d’agences humanitaires, Union Européenne, récemment un don de l’ambassade du Canada etc… il y a bien sûr quelques initiatives locales l’ordre national des pharmaciens du Congo notamment et vous aujourd’hui pensez-vous que la mobilisation de la société civile congolaise soit à la hauteur de la catastrophe ?

« Les dégâts sont considérables et les conditions de vie dans lesquelles beaucoup se retrouvent sont déplorables. Reloger ces familles, les indemniser, trouver des solutions immédiates, je pense que nous n’y sommes pas encore. On peut souligner le fait que mobilisation soit réelle, cependant j’espère qu’elle sera surtout pérenne. »

Expliquez-nous le processus de collecte par crowdfunding, comment ça marche, a quoi correspond le montant de l’objectif ?

« Le crowdfunding est un mécanisme qui a pour objectif de collecter les apports financiers d’un grand nombre de particuliers au moyen d’une plateforme Internet. L’objectif aujourd’hui est de financer l’achat de kits de premiers secours, de moustiquaires, de matelas, de sacs de riz ou encore de ciment; ces derniers seront redistribués à des familles sinistrées à Brazzaville. Les fonds sont collectés sur internet et il est prévu que cette distribution se fasse au début du mois d’avril 2020. »

Faites un don ici : https://bit.ly/2R50dUx

Pourquoi avoir choisi cette méthode de collecte plutôt peu répandue au Congo ?

« Vu l’urgence de la situation, c’était la solution la plus simple et la plus rapide à mettre en place. Dans un souci de transparence aussi, grâce au crowdfunding tous les donateurs ont la vue sur le site et tout le monde aura le montant final des dons. Il est important pour chacun de savoir combien, où et comment sera utilisé l’ensemble des dons. »

Depuis le début de la collecte d’où proviennent en général les fonds collectés ?

« Les fonds proviennent essentiellement de la France, quelques donateurs vivant au Congo ont aussi participé. Cela ne fait que deux jours, et la communication se fait essentiellement via les réseaux sociaux. D’ici deux mois, je pense qu’aussi bien la diaspora que les personnes vivant au Congo et même ailleurs auront apporté leur soutien à cette cause. »

Le pays traverse une crise de confiance, on parle énormément de corruption et de détournements de fonds, comment rassurez-vous les personnes qui voudraient soutenir cette cause via votre initiative, que leurs dons seront exclusivement utilisés aux fins indiquées? 

« Lorsque nous menons une action, nous rassurons les donateurs au maximum. Des photos de l’ensemble des vivres et des dons seront faites et publiées. Nous remettrons aux familles tout ce qui aura été collecté et la communication sera également faite. Aucun flou n’est autorisé dans ce genre d’actions bénévoles. »

Mot de fin. Si vous deviez expliquer aux congolais pour quelle raison ils devraient, comme vous l’avez fait vous-même, sortir de leur routine et se mobiliser pour cette cause que diriez-vous? 

« Je ne peux pas expliquer à mes compatriotes ce qu’ils doivent faire. A mon niveau, je suis fière d’être congolaise et j’ai conscience du fait que la vie au quotidien dans notre pays n’est pas toujours facile depuis quelques années : taux de chômage élevé des jeunes, difficile accès aux soins médicaux, système scolaire à revoir etc…Que dire de plus si ce n’est que le don est un échange de vies et la vie est un échange de dons. A ma petite échelle, j’ai décidé de donner, un peu certes, mais de donner tout de même. J’ose espérer que cette action commune du Collectif Entre Elles et de la Fondation Chancel Gatsoni aidera quelques congolais dans le besoin. »

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