Un rapport de Global Witness publié le 27 janvier 2020 accable sévèrement la Société nationale des pétroles du Congo (SNPC) et risque d’alourdir la dette publique du pays. Titré “Caisses siphonnée, où est passé l’argent du contribuable congolais ?” le rapport analyse les comptes de la Société pétrolière congolaise.
L’enquête fait suite à la publication des comptes de la SNPC et des contrats pétroliers en 2018 et 2019 imposée par le FMI dans le cadre de son plan de sauvetage financier. « Outre la dette galopante de l’entreprise d’Etat, ces nouveaux documents lèvent le voile sur des millions de dollars de fonds manquants » relève l’ONG américaine.
Les conclusions de l’enquête indiquent que le Congo ne traite pas la SNPC comme une société qui se doit d’être particulièrement compétitive et performante, mais comme une extension de l’Etat capable de s’endetter pour financer des projets hors-pétrole. Une alternative liée au fait que de moins en moins de partenaires seraient prêts à l’accompagner dans le financement des projets.
Toute chose qui aurait concouru d’une part à orienter l’argumentaire de l’ONG selon lequel le FMI devrait inclure le passif de la SNPC dans le montant globale de la dette publique congolaise. « La Société nationale des pétroles du Congo (SNPC) a contracté un minimum de 2,7 milliards de dollars de dettes jusque-là confidentielles auprès de géants pétroliers, notamment Total, Chevron et Eni, selon notre analyse de ses comptes vérifiés. »
D’autre part à augmenter le pouvoir de négociation des sociétés pétrolières qui l’utilisent à leurs avantages les difficultés de l’Etat à lever des fonds. « D’après les comptes de la SNPC, les passifs contractés auprès des majors pétrolières représentent principalement des coûts opérationnels couverts par ces sociétés au nom de l’entreprise d’Etat. Néanmoins, notre analyse expose que ces sociétés peuvent recouvrer un vaste éventail de coûts, dont les salaires et cotisations de retraite des employés, leurs frais médicaux, de transports, communications, logement ou encore les frais de scolarité de leurs enfants. Elf, le prédécesseur de Total, est même parvenu à faire passer un « bonus de signature » de 50 millions de dollars – une commission unique versée à la signature d’un contrat, et représentant une source importante de revenus pétroliers pour l’Etat – comme l’un de ses frais, et donc à facturer 5 % d’intérêts au Congo sur ce soi-disant « prêt ». » dénonce le communiqué de presse de l’ONG.
“Avec un bilan représentant près de 50% du PIB du Congo sa solvabilité relève de l’intérêt national ” les allégations contenues dans le rapport si elles venaient à s’avérer sont graves et pourrait entacher les discussions en cours avec le Fond Monétaire International régulièrement cité dans l’enquête.
Pour l’heure aucune déclaration officielle n’a confirmé ou infirmé les détails de ce rapport, une réaction du gouvernement devrait permettre de faire la lumière sur ces allégations.